NANTERREPOEVIE

Au cœur d’une cité, au milieu des nuages,

Vit une belle jeune fille au corps fort sage.

Une demoiselle sans ailes, faisant du zèle.

Mais dit-elle, je n’ai pas besoin d’ailes

Pour m’envoler au ciel.

Tous les jours, toutes les nuits,

Nue, sans fioriture ni parapluie,

Je suis allongée à même le sol

Les arbres me servant de parasol.

Vous ne m’avez pas remarquée ?

Pourtant vous me connaissez.

Tous les jours, je vous ris au nez.

Oh ! Mais que sont ces deux jolis petits monts ?

Ce sont mes mamelons.

Vous pouvez aussi admirer mon nombril, mon visage,

Me fouler du pied au passage,

Mais attention, je prends de l’âge.

Cela peut vous faire sourire.

Allez ! Venez donc me découvrir.

Je ne suis visible que de jour.

Nichés au creux de vos tours,

Tout là-haut, du haut de vos perchoirs,

Vous pourrez encore me voir

Avant qu’il ne soit trop tard.

Ressurgie d’un tableau de Picasso,

Je suis la demoiselle des Tours Aillaud.

NANTERRE, le 3 juillet 2002                                                                      NINJA

Le poète n’a pas besoin de voiture.

Le poète se laisse transporter

Dans ses rêves de la nuit

Tout là-haut dès que la lune luit.

Pour aller dans la voie lactée,

Il prend pégase pour monture.

Il va rendre visite à Jupiter.

Il traverse les cumulo-nimbus,

Va dire bonjour à Apollon,

Platon, Athéna, Cupidon

Et va rendre hommage à Vénus

Avant de redescendre sur terre.

Là, il est centaure mi-homme, mi-bête

Et vagabonde du soir au matin.

Il chausse ses bottes de sept lieues

Pour aller dans des pays merveilleux.

En mer, il voyage en dauphin.

C’est çà l’âme du poète.

Et si un soir vous voyez

Par une belle nuit d’été

Au beau milieu d’un ciel étoilé

S’envoler un cheval ailé

C’est que le poète vous aura apporté

Un peu de rêve dans votre foyer.

NANTERRE, mars 1983                     15                                           NINJA