NANTERREPOEVIE

NANTERREPOEVIE

Dalhoumi Patricia


LES TROIS FONTANOT

LES TROIS FONTANOT   

Trois enfants de l’immigration italienne, fuyant le fascisme,

Trois nanterriens entrés dans la résistance intérieure,

Trois FTP, Francs-tireurs et partisans, plein d’idéalisme,

Trois morts trop jeunes, 22 et 18 ans, quel malheur.   

Trois inhumés, au cimetière de Nanterre, après la Libération.

 

Trois p’tits gars emplis de bravoure, jeunes maquisards,

2 frères et un cousin, unis pour se libérer de l’ennemi en se battant :

NERONE dit René, fusillé le 27 septembre 1943 au champ de tir de Biard,

JACQUES, son frère, exécuté le 27 juin 1944 dans la forêt de Saint Sauvant,

SPARTACO dit Paul, le cousin, fusillé le 21 février 1944 au Mont Valérien. *

 

Leurs familles ont fui l’Italie pour une vie meilleure,

Mais le flot de l’histoire les a rattrapés et emportés.

Ils ont été traités de terroristes, ils n’aspiraient qu’à la liberté !

 

D’autres glorieux soldats sans uniformes sont tombés sans fleurs.

Hommage à tous ces connus et inconnus qui ont participé

De près ou de loin et de quelque manière que ce soit ,

A la conquête de la paix et à la délivrance de la France .

 

La rue des trois FONTANOT est un rappel constant de leur sacrifice.

 

*membre du groupe Manouchian

                                                                                                   Décembre 2023            Patricia Dalhoumi

 

 Nerone né le 20 juin 1921        Jacques né 10 novembre 1926,

 Spartaco né 17 janvier 1922              

 

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Dernière lettre

 

Le 21 février 1944

Mon cher papa,

Ma chère maman, Ma chère sœur,

Dans quelques minutes je serai parti rejoindre Nérené (son cousin Guisco Spartaco, René) , car aujourd’hui à quinze heures aura lieu mon exécution.

Mon cher -papa, je vais mourir, mais il ne faut pas que le chagrin vous abatte, toi et ma chère maman ; il faut que vous soyez forts, aussi forts que je suis en ce moment.

Ma mort n’est pas un cas extraordinaire, il faut qu’elle n’étonne personne et que personne ne me plaigne, car il en meurt tellement sur les fronts et dans les bombardements qu’il n’est pas étonnant - que moi, un soldat, je tombe aussi.

Oui, je comprends bien que ce sera dur pour, vous tous qui m’aimez, de ne plus me voir, mais encore une fois, je vous en conjure, il ne faut pas pleurer.

J’écris ces quelques lignes d’une main ferme et la mort ne me fait pas peur. J’aurais voulu vous serrer une dernière fois sur ma poitrine mais je n’en pas le temps.

Pendant toute ma captivité, j’ai souvent pensé vous, mais jamais je n’ai eu un moment de défaillance ; j’espère qu’il en sera de même pour vous.

Mes chers parents, je termine cette courte lettre en vous embrassant bien fort et en vous criant courage.

Papa, maman, sœurette, adieu

 

Spartaco

 

[Sans date]

Ma chère maman,

De tous et de toutes, je sais que ce sera toi qui souffriras le plus et c’est vers toi qu’ira ma dernière pensée. Il ne faut en vouloir à personne de ma mort, car j’ai moi-même choisi destin.

Que puis-je t’écrire, car quoique j’aie l’esprit clair je ne trouve pas mes mots ? Je m’étais engagé dans l’Armée de la Libération et je meurs quand la victoire éclate... Je vais être fusillé, tout à l’heure avec mes vingt-trois camarades.

Après la guerre, tu pourras faire valoir tes droits de pension. La prison te fera parvenir mes affaires personnelles, je garde le maillot à papa pour que le froid ne me fasse pas trembler.

Ma chère sœur, il ne faut pas trop penser à moi, ne sois pas triste ; marie-toi à un bon gars et, à tes enfants, tu parleras cet oncle qu’ils n’ont pas connu.

Mon cher papa, il faut que tu sois fort, d’ailleurs il est impossible que l’homme et la femme qui m’ont mis au monde ne soient pas forts.

Encore une fois, je vous dis adieu. Courage.

 

Votre fils Spartaco

 

 

 


04/12/2024
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